Anonyme
J'ai toujours assimilé l'odeur du tabac à mon père. Un père expatrié et absent. Quand on prenait la route l'hivers et qu'il ouvrait la fenêtre malgré le froid et laissait cette odeur s'engouffrer dans la voiture. Ou encore son parfum qui s'y mélangeait. Vers _ ans j'ai commencer à récupérer ses mégots et je collectais le tabac dans un sachet bien caché dans ma chambre. Quand il partait plusieurs mois je sentais cette odeur qui me rapprochait de lui. A 12 ans je me suis forcée, je voulais être fumeuse. A 17 ans je crachais noir le matin. J'avais déjà envie d'arrêter cette drogue. A chacun de mes anniversaires ou nouvel an il s'agissait de ma résolution. A 24 ans je suis partie travailler en Afrique, je pouvais fumer partout des cigarettes à 1€ le paquet et ce jusqu'à mes 29 ans. J'étais très sportive mais au fur et à mesure mon souffle rendait l'activité pénible. J'ai tenté 2 arrêts, chaque fois 1 mois. Il y a 6 semaines de ça, j'ai retrouvé un vieux patch, je me le suis mise et depuis je ne fume plus. Je suis passée à 14mg il y a 3 jours et le sevrage est compliqué à l'endormissement, l'alimentation, la nervosité, j'ai de la peine aussi, mes cigarettes me manquent dans mon inconscient car dans le conscient je n'en veux plus, je suis fière de moi. Mais ce sevrage est difficile et me fait douter. Quand cela va t-il s'arrêter ? Quand en toute honnêteté avec moi même je ne serai plus fumeuse ? Je sais que cela va prendre du temps. Mais c'est compliqué. Je vous remercie pour vos témoignages, ils m'aident à comprendre ce démon sous ses airs d'anges. On va le combattre, on est plus fort que lui. Il faut comprendre que malgré la difficulté et l'impression d'être à bout de nerf, de fatigue on garde le cap. C'est le début d'une nouvelle vie. (J'ai publié ce témoignage sous "extraordinaire" car il parle de l'assimilation de l'odeur du tabac à la présence du père. C'est une image très forte. Cela dénote la complexité de la relation du fumeur au tabac. Bravo pour votre courage! Evelyne Pour l'équipe stop- tabac.ch)